Journée mondiale de la vitamine B12

B12 : LA VITAMINE DE LA COMPASSION
Bien que l’idée de vivre sans nuire aux animaux existe depuis des millénaires, ce n’est devenu techniquement possible qu’à partir du 12 décembre 1947, date de la découverte des premiers cristaux de vitamine B12 [1] et de leur origine bactérienne. C’est le seul nutriment essentiel dont les besoins ne peuvent pas être satisfaits par la consommation de plantes.

Aucun animal ne synthétise la vitamine B12, faute de posséder les informations génétiques nécessaires. Les bactéries (et les archées) constituent le point de départ de ce nutriment pour l’ensemble de la chaîne alimentaire [2]. Les micro-organismes qui sont capables de réaliser la synthèse de la vitamine B12 sont peu productifs dans les milieux naturels, lesquels sont peu favorables. Le sol de forêt est extrêmement pauvre en B12 par exemple, les retenues d’eau et les océans le sont encore davantage [3].

Pour concentrer la vitamine B12 en quantité suffisante, les systèmes digestifs de certains animaux favorisent une symbiose bactérienne adéquate grâce à des poches de fermentation en amont ou en aval, mais ce n’est pas le cas chez l’espèce humaine [4].

La satisfaction de nos besoins a longtemps reposé sur la consommation d’animaux symbiotiques (ou de leurs prédateurs), tels que les limaces et escargots, les vers et larves, les insectes et coquillages, ou tout animal malhabile facile à attraper. Faute de crocs, de griffes et d’autres capacités physiques propres aux prédateurs sauvages, les grands animaux ne sont probablement devenus accessibles à la consommation humaine qu’à partir de l’invention des techniques de piégeage, de chasse et de pêche. Depuis 10 000 ans, une nouvelle invention a progressivement remplacé une partie des prélèvements dans les milieux naturels : l’élevage. Pour satisfaire ses besoins en vitamine B12, l’espèce humaine était donc dépendante de la récolte de petits animaux, puis de la chasse et enfin de l’élevage.

La découverte des méthodes de culture bactérienne de la vitamine B12 a techniquement libéré l’espèce humaine de cette condition initiale. Nous pouvons désormais vivre sans utiliser les animaux. Le véganisme est une consomm’action qui permet de tuer moins d’organismes vivants, parce qu’il court-circuite les intermédiaires animaux. Toute personne peut l’appliquer du jour au lendemain. Pour tuer moins, les véganes brisent la chaîne alimentaire, en s’approvisionnant directement à la source originelle de la vitamine B12 : les micro-organismes. C’est également la seule garantie de ne pas participer aux souffrances pouvant être induites par l’exploitation animale.

Toute personne végane, ou ayant fortement réduit sa consommation de produits d’origine animale en quantité, en variété ainsi qu’en fréquence, doit se complémenter en vitamine B12, ou consommer des produits enrichis en quantités suffisantes. Faute de complémentation, la carence en vitamine B12 peut détériorer le sang, le système nerveux (central et périphérique) et l’ADN. Plus sensibles encore que les adultes, les enfants doivent en être protégés.

Le document de référence, publié par la communauté scientifique végane internationale et adopté par l’ensemble des organisations véganes majeures dans le monde, s’intitule « Ce que tout végane doit savoir sur la vitamine B12 » [5]. Toute personne végane doit se complémenter en choisissant de consommer :

  • soit 1 µg (microgramme) trois fois par jour ;
  • soit 10 µg une fois par jour ;
  • soit 2 000 µg une fois par semaine ;
  • soit 5 000 µg une fois toutes les deux semaines.

Chacune de ces solutions offre exactement la même garantie de satisfaire les besoins des adultes. Diviser par quatre pour les nourrissons à partir de la diversification (6 mois) jusqu’à 24 mois. Diviser par deux seulement pour les enfants de 2 à 12 ans. Ensuite, les doses sont les mêmes que celles des adultes. Attention à réduire les comprimés en poudre, pour éviter que les enfants ne s’étouffent en avalant de travers.

La journée mondiale de la vitamine B12 célèbre le progrès technique qui permet à l’espèce humaine d’exprimer sa compassion.

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NOTES
[1] « On December 11-12, 1947, Rickes, for the first time, obtained red crystals from a water solution of a grisein fermentation extract upon the addition of acetone thereto. » (United States District Court, D. New Jersey.·273 F. Supp. 68 (D.N.J. 1967) MERCK CO. v. CHASE CHEMICAL COMPANY)
[2] Rodionov DAI, Vitreschak AG, Mironov AA, Gelfand MS, Comparative genomics of the vitamin B12 metabolism and regulation in prokaryotes, « Journal of Biological Chemistry », 2003 October 17; 278(42):41148-59.
[3] Duda, Malinka, Pedziwilke, Relationship between the content of vitamin B12 and the number of microorganisms in soil, in « Acta Microbiologica Polonica », 6, 355-365, 1957, reproduit dans Schneider Z., Stroinski A., Comprehensive B12, 1987, p. 167 (sols de forêt), et Pommel B. , Distribution et signification écologique de la vitamine B12 et de la thiamine dans trois lacs subalpins et jurassien, dans les « Annales d’Hydrobiologie », 1975, 6 (2), 103-121, reproduit dans Schneider Z., Stroinski A., Comprehensive B12, 1987, p. 171 (eau de lac).
[4] La vitamine B12 est principalement dégradée lors de son passage dans le système digestif (Allen RH, Stabler SP. Identification and quantitation of cobalamin and cobalamin analogues in human feces, « American Journal of Clinical Nutrition » 2008 ; 87(5):1324-35), tandis que les études sur le crudivorisme ont systématiquement conduit à constater des carences en Finlande, aux États-Unis et en Allemagne.
[5] Ce que tout végane doit savoir sur la vitamine B12.

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Cliché : le lapin est un animal qui fabrique ses propres compléments de vitamine B12, en quelque sorte, puisqu’il pratique la cæcotrophie. © Andrew Parkinson